SOULEYMANE – Squatteurs du F, unissez-vous !
Mon grand-père n’était peut-être pas tirailleur mais il a connu la domination coloniale. Alors je suis venu tenter ma chance dans la métropole.
Débarqué à Orly, j’ai provisoirement rangé le Mali et la famille dans un coin de ma tête pour goûter aux « joies » de la vie de clandestin à Paris.
De cages d’escaliers en épaves de voitures, je me suis entassé avec d’autres immigrés dans un studio en banlieue avant d’atterrir à Cachan. Faux papiers pour boulots au black, j’ai réussi à me stabiliser financièrement et fait venir mon épouse. Six mois après son arrivée, Siaka, notre fils est né. Si jeune et déjà sans papiers. Pas facile de vivre à trois dans 9m2.
Mais je ferais tout pour tenter de rĂ©gulariser notre situation et pouvoir Ă©lever en toute sĂ©rĂ©nitĂ© ce bout de gamin qui n’a pas choisi son lieu de naissance…
SAFIETOU – Ne pas lâcher l’affaire.
Sénégalaise en règle de 43 ans en recherche d’emploi, j’ai mes papiers mais pas de logement. Alors le bâtiment F et cette chambre exiguë font l affaire depuis huit mois.
Je m’implique pour trouver des solutions aux multiples situations des résidents du squat.
Six mois de délai accordés par le préfet, c’est court !
Mais quand on y rĂ©flĂ©chit, ce type de situation avec des familles qui s’entassent dans des chambres d’étudiants Ă deux pas de Paris, ce n’est pas normal. A force de remuer, nous avons obtenu la scolarisation des enfants, la gratuitĂ© des soins pour les malades et l’inscription sur les listes de demandeurs d’HLM. Le bras de fer avec la prĂ©fecture ne fait que commencer. La bataille pour apporter des solutions humaines et dignes Ă tous ceux qui aimeraient bien vivre ailleurs qu’au F aussi…
FIDEL — Un pays d’accueil devient ton pays !
La situation en Côte d’Ivoire était devenue trop critique pour que je reste. Je suis parti en France pour essayer de repartir à zéro.
Un ami m’a parlé du squat et c’est comme ça que je suis arrivé au F.
J’espère bien obtenir des papiers et – qui sait – un logement…
En attendant, je donne des cours d’alphabétisation dans un centre social voisin et m’investis avec les autres délégués pour mener les négociations.